Grand trail de Gigondas, récit de la vainqueur Denis-Billet

« 29 avril 2017.  Vénasque, 4h30 du mat, le réveil sonne. Encore une petite nuit…mais j ai tellement hâte de prendre le départ de cet ultra que l’ excitation prend vite le dessus avec un soupçon d appréhension. ..ma participation décidée 10 jours auparavant m a permis de ne pas trop stresser et surtout de ne pas trop m user à l entraînement.  J ai tellement hésité entre la nivolet revard et le marathon d ‘Annecy que finalement le coeur a décidé. Rallier Venasque (un des plus beaux villages de France) à Gigondas en passant par le Ventoux pour une ballade découverte, sans pression et revivre les merveilleux moments du trail du Ventoux il y a 6 semaines. Pas de doute c est ça qu il me faut!

6h : Me voilà partie pour une nouvelle aventure. 95km et 4200m d+ sur les pentes du Ventoux. Petit peloton qui s élance aux premières lueurs du jour. 120 coureurs solo, et une centaine de relais (x2/ ×4). Je me cale au cardio sans m affoler. 4°C ça caille un peu. J ai de très bonnes sensations donc la journée est bien partie. Les 25 premiers km sont assez roulants, le premier ravito atteint en 2h30. Le soleil brille. Je n ai aucun souci, le test matos et ravito est OK pour l instant. Premier émerveillement quand je traverse les gorges de la Nesque. Arrêt pour admirer ces falaises impressionnantes dans la lumière du matin avec comme toile de fon le majestueux mont chauve. C est magique ! Apres la traversée à gué de la Nesque je longe les falaises et je gravis un joli passage technique, rochers, escaliers. Trop beau!

2ème partie de course , quasi tout en côte où je suis un peu en difficulté sur des portions plutôt roulantes, gênée par mon cuissard long compressif qui me coupe la circulation sanguine derrière les genoux. Ça se présente mal…..j attends le fameux Chalet Renaud 2ème ravito (47ème km/ 2300 md+)  en moins de 5h50. Ça commence à tirer. L organisation m interdit de mettre le short, trop froid pour eux au Ventoux. Je m alimente et après 5 min de pause je repars. Bisou et Rdv à mon homme en haut du Ventoux.

Je supporte le cuissard , malgré le petit vent je n ai pas froid ça monte raide. Chemin inverse du trail du Ventoux pdt 2km. La vue est exceptionnelle !  Arrivée sur la crête je bascule dans les cailloux, c est assez glissant donc je suis prudente. Le but est d arriver au sommet pas trop entamée pour faire une belle fin de course. Chemin qui descend pas mal avant de repartir sur les flancs du Ventoux ,face nord. Chemin sympa mais un peu vertigineux par endroit, c est beau mais dangereux. Heureusement que c’est sec. Des relais me doublent. La vue sur toute la chaîne des Alpes enneigée me colle des frissons. Allez du courage,  reste encore 45km, faut pas non plus rêvasser !

3km de chemin à flanc avant attaquer l ascension du Ventoux par la face Nord avec des portions assez pentues parfois, des cailloux souvent, un peu de neige…

Après 7h35 de course j atteins le sommet, soulagée,  pas de bobo. Je prends près de 10 min pour m alimenter, faire le plein,  enfiler le short et le coupe vent.  Je suis 11eme au scratch.

J aborde la descente prudemment car les cailloux sont rois ici…

Je rejoins un gars, je le laisse mener jusqu’à un chemin plus roulant, j ai fini de manger. Belle partie roulante où je ressens de bonnes sensations , ah! le short me convient bien . Il fait chaud dans cette face sud. J essaie de maintenir un rythme même si ça remonte un peu avant d aborder la vraie descente dur Malaucene, empruntant le parcours du trail de Ventoux à l inverse, ça m aide bien. Je double encore 2 gars et je me sens vraiment bien !

Malaucene atteint en 9H25 , il reste 20km environ et pres de 1000m d +. Patrice m encourage . Petit arrêt au stand pour avaler banane et boire de l eau gazeuse.

Beaucoup d ambiance ici  mais surtout pour un regroupement de motards…. Vivement que je sorte de cette cacophonie et que je retrouve ces beaux petits singles…

Malheureusement cette sortie de Malaucene est sans nul doute la moins jolie… dommage. Mais plus loin on rentre dans le domaine des dentelles de Gigondas.  Et là c est vraiment beau …..et dur aussi. La fatigue est là. …C est une succession de petites bosses casse- pattes, de petits singles techniques, tortueux mêlant cailloux, racines ou autres petits obstacles qui freinent considérablement la progression. Heureusement qu il fait jour! Je plains tous ceux qui passeront de nuit… délicat fin de parcours. ..

Dernière partie donc très difficile, j ai faim en ayant mal au ventre, j ai soif sans avoir soif, j ai mal au bas du dos, c est pas simple un ultra! Mais bon, c est bientôt la fin et j égrène les km sur ma Suunto….dernier sommet, dernière descente raide et technique. Col du Cayron, y a plein de gens là pour l escalade. Portion de route descendante,  ouf……mais je rate le balisage et fais qqs 500 de descente en trop….rrrrhhhhh. ..je remonte et reprends le bon chemin pour un final très souple et très sympa dans la lumière du soir. Arrivée dans Gigondas,  presque dans l ‘intimité , en 12h37. 7eme place scratch,  1ère femme. Le vainqueur en 10h44.

J écris mon nom au palmarès de ce grand trail de Gigondas 25 ans après la victoire de mon homme à l, occasion de la 1ère édition.  Très fière de moi pour la gestion de course, et d’avoir surmonté mois après mois ces blessures pour terminer un ultra sans épuisement !

Un très bel ultra authentique et intime, loin des foules et de la civilisation….un trail comme il y en a plus beaucoup en France. Merci à Laurent Belmonte et toute son équipe !  »

 

 

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