Semi-marathon, Record départemental de Haute-Savoie pour Julien Lyon

« Super content de mes 2 courses! Record perso au 10k en 30’16 et médaille de bronze des championnats suisses à Uster. Sur le semi marathon de Paderborn je réalise le record départemental en 1h05 »34. J’ai couru seul toute la course alors j’espère aller encore un peu plus vite dans 2 semaines à Lago Maggiore en Italie ». Julien.

Interview :

« A la base, je suis allé à Paderborn en tant que chauffeur, pour rendre service à mon ami Eticha Tesfay, qui s’occupe d’un groupe d’athlètes éthiopiens (ndlr : ceux-là même qui ont dominé le dernier Kerzerslauf et qui sont déjà annoncés comme grands favoris des 20KM de Lausanne fin avril). Au début, j’avais juste prévu de les accompagner. J’ai quand même demandé un dossard à l’organisateur, dans l’idée de me dégourdir les jambes ». Depuis longtemps connu des spécialistes pour son côté fantasque, ses hauts et ses bas, Lyon a réussi samedi, à l’improviste, une performance de choix. 65’34 : il s’agit là du 6e meilleur chrono romand de tous les temps sur semi-marathon. Seuls Stéphane Schweikhardt, Eticha Tesfay, Thierry Constantin, Pierre Delèze et Stéphane Joly ont déjà été plus rapides.

Après 850 kilomètres au volant vendredi dans les embouteillages des départs pour le week-end de Pâques, Lyon arrive à 19h à Paderborn, dans le Nord de l’Allemagne. Après un court décrassage le samedi matin, le départ du semi est donné à 15h : « Mon plan était de faire 10 km à 3’10 de moyenne et d’aviser ensuite. Dès le début de course, je me retrouve 4e, derrière deux Kenyans et Temesgen Daba, le vainqueur de Kerzers qui a fait le trajet avec moi (2e en 61’08). Ça va beaucoup trop vite et derrière il n’y a déjà plus personne. Au deuxième kilomètre je regarde ma montre et je vois… 6’04 ! J’ai du mal à y croire et, progressivement, me dis que c’est peut-être mon jour. J’arrête de réfléchir et enchaîne les kilomètres à un peu moins de 20 km/h. Passage en 31’00 au 10 km et 65’34 a l’arrivée. Pour une moyenne de 3’06 au kilomètre. Je suis en même temps content, choqué et plein d’espoir pour la suite », a raconté Lyon après sa course.

Une carrière pleine de rebondissement

Chronométré en 30’16 la semaine dernière à Uster sur 10 km, le champion suisse indoor 2012 du 3000 m semble être dans la forme de sa vie. Mais comment peut-on courir un semi en 65’ sans réelle planification ? Tentative d’explications. Le premier souvenir athlétique du Genevois remonte à 2006, à l’occasion des Championnats suisses (CS) de cross organisés à Genève. Alors âgé de 17 ans, il découvre, à la dure, un monde hostile, en terminant… 52e de la course des U18. Bien décidé à ne plus jamais revivre pareille déconvenue, il se met au travail. Et, une année plus tard, décroche l’argent chez les juniors à Gettnau. Avant de remporter haut la main sa première course de la saison sur 1500 m en… 4’04″77, au Meeting de Pentecôte à Zofingen. Loin d’être satisfait, Lyon vise plus haut, beaucoup plus haut. Il finit la saison 2007 déçu, après avoir cherché sans succès à se qualifier pour les Europe de cross.

Depuis, le Genevois enchaîne grosses performances et sévères déceptions, souvent avec très peu d’intervalle. Ces derniers mois, il est passé par toutes sortes d’états. Pas en jambes l’été dernier (8e des CS sur 5000 m en 15’07) il a ensuite réalisé une grosse préparation en vue des courses qualificatives pour les Europe de cross, où il arrive gonflé à bloc : « Je faisais tous mes entraînements seul. J’ai juste fait une séance test avec Julien (Wanders) et Tadesse (Abraham) une semaine avant le premier cross de sélection. J’étais très en forme ». Il manque alors de peu de convaincre le comité de sélection de Swiss Athletics : « Les performances en cross sont ingrates parce qu’elles passent inaperçues ou presque. Mais je sais que ce que j’ai fait à Mol et à Tilburg (ndlr : les deux cross de sélection) c’était solide ! Au moins autant que mon semi d’hier ». Lyon explique son irrégularité en compétition non pas par un entraînement hasardeux, mais par toute une série de facteurs : « Après ma non-sélection aux Europe de cross, par exemple, j’étais vraiment perdu. Le lendemain je n’arrivais pas à courir à plus de 15 km/h. Pendant les trois mois suivant, il m’arrivait de partir courir et d’arrêter après 1 km, ou de sortir courir au milieu de la nuit. Une fois j’ai fait 4×3000 m à 2h du matin… J’ai alors pris deux semaines de break avant de recommencer mi-février. Depuis, les sensations, le plaisir et l’envie sont revenus ! Je m’entraîne moins seul. Je fais des longues endurances avec Tesfaye Eticha et, depuis deux semaines, aussi avec ses amis éthiopiens qui viennent d’arriver. C’est vraiment très stimulant ! », souffle-t-il un sourire en coin.

Une chose est sûre : Lyon n’aime pas les structures fixes. Jamais il n’a intégré le Centre national de performance Lausanne/Aigle, jamais il ne s’est plié entièrement aux conseils d’un entraîneur. Actuellement, il bénéficie des conseils de deux « grands frères », Paul Waroquier et Tesfaye Eticha, non sans décider lui-même de son programme d’entraînement et de compétition. Sa prochaine sortie est prévue le 19 avril pour un nouveau semi-marathon, en Italie cette fois.

Julien un autodidacte de haut-niveau

Julien un autodidacte de haut-niveau

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