Un marathon interdit aux femmes et oui !!!

Le 9 avril était organisé sur le site de Persépolis, le premier marathon en Iran. 158 coureurs ont pris le départ d’une course interdite aux femmes. Après négociations, sur fond de polémique, deux marathoniennes « pionnières » ont finalement pris le départ mais 2 heures avant les hommes.

Une arche gonflable, un bus podium, une sono pour diffuser de la variété iranienne, une longue bordée de drapeaux, il ne manquait rien au départ de ce premier marathon organisé en Iran. Le site de départ était par ailleurs prestigieux et chargé d’histoire, Naqsh-e Rostam, un site archéologique à un jet de caillou de Persépolis. Un lieu chargé d’histoire perse où l’on trouve quatre tombes royales ornées de bas reliefs sculptés dans la roche. Le 9 Avril, au pied de ces nécropoles vieilles de 3000 ans, 158 coureurs hommes venus de 35 pays ont pris le départ de ce marathon baptisé « I run Iran ». Cette épreuve chargée de symbole a été mise sur pied par Sebastiaan Straten, une Hollandaise qui exploite une agence de voyage en Iran depuis 10 ans. Cette organisation témoigne sans nul doute de la volonté de ce pays de s’ouvrir au monde et de donner un nouveau départ à son industrie touristique. Depuis l’annonce de son lancement en fin d’année 2015, ce marathon a fait débat dans l’opinion publique iranien et dans la communauté de la course à pied car les autorités locales souhaitaient interdire la participation des femmes à cette course. Les candidates à ce marathon qui se sont vues refuser leur inscription ont alors alerté l’opinion publique dont notamment Free to Run géré par une avocate canadienne adepte des ultramarathons. Elle milite pour des projets humanitaires dans le Moyen Orient notamment en Palestine, en Afghanistan et au Sud Soudan, des zones de conflit où l’on apprend aux jeunes filles et jeunes femmes à conquérir de l’indépendance grâce au sport. Le slogan de la course a également alimenté la polémique, “Real men run Iran” jugé discriminatoire.

Masha Torabi, une iranienne âgée de 42 ans et vivant à Téhéran a refusé de se joindre à l’appel au boycott. Au contraire, désireuse de courir à tout prix ce marathon, celle-ci s’est engagée dans un bras de fer avec la Fédération d’athlétisme de la République Islamique d’Iran (IRIAAF) pour obtenir le droit de s’inscrire. Au final un compromis a été trouvé avec l’autorisation de courir mais en prenant le départ deux heures avant les hommes. Au petit matin donc, deux heures avant le coup de canon, deux femmes, Masha Torabi portant le tee-shirt « Free to Run » accompagnée d’une autre féminine identifiée comme Elham, ont donc pris le départ de cet événement inaugural. Le temps final importe peu, elles ont terminé en cinq heures environ et ont reçu toutes les deux la médaille officielle de « finisher ». Mais une brèche est ouverte. Le débat a été lancé auprès des autorités religieuses, la porte pourra-t-elle restée ouverte ? Rien n’est certain dans un tel climat de controverse. Quant à la course  » hommes », les coureurs se sont lancés sur un parcours plat en direction du centre industriel de Marydasht pour revenir ensuite sur le site de Persépolis. Sur le parcours, les enfants réquisitionnés agitaient des drapeaux iraniens et brandissaient des pancartes écrites en anglais « Bienvenue à l’Iran » et « l’Iran est le pays le plus sûr du monde ». Farzollah Rustami originaire de Qazvin remporte cette première édition en 2h 46’, drapeau iranien flottant au vent. Cela pourrait lui ouvrir les portes des Jeux Olympiques. Devant les micros, ce marathonien chevronné avait retenu la leçon pour déclarer un message très officiel : « Tous les Iraniens veulent montrer la paix et de l’amitié à tous. Nous sommes des gens pacifiques. Nous ne sommes pas des terroristes. »

 Gilles Bertrand

Les commentaires sont fermés.