Le marathon en dessous de 2h00, pour 2020 ?

2020

A ce niveau, chaque minute paraît des heures. Entre le record du monde du Kenyan Dennis Kimetto, devenu le premier homme à passer sous les 2h03 (2h02’57’’) lors du marathon de Berlin fin septembre, et la mythique des 2h, le fossé est immense. Sera-t-il d’ailleurs comblé un jour? Illustrer cette performance avec quelques chiffres simples donne le vertige. Pour avaler 42,195 km en 120 minutes, il faut maintenir une vitesse moyenne de 21 km/h, ou un rythme de 2 minutes et 50 secondes au km 42 fois d’affilée. En résumé, une performance qui relève de la folie pure pour le commun des mortels – qui sera déjà bien content de le faire à vélo, pour peu que la route soit légèrement accidentée.
Suite au record de Kimetto, la revue Runner’s World a consacré une étude très détaillée sur le sujet. A l’aide de données historiques et scientifiques, ses auteurs ont déterminé les conditions idéales et l’athlète parfait pour réussir cet exploit. Mais il n’y aura pas forcément à attendre une improbable agrégation de tous ces paramètres. «Je ne sais pas quand ça aura lieu, mais c’est parfaitement plausible, estime le docteur Arlette Gratas-Delamarche, professeur en physiologie de l’exercice et chercheur au laboratoire Mouvement, Sport, Santé. Une performance est le résultat de multiples facteurs. Même si chacun d’entre eux, pris isolément, reste difficile à perfectionner, s’il y en a plusieurs à être ne serait-ce qu’un petit peu amélioré cela peut suffire.»

L’économie de course, facteur essentiel

Parmi ces facteurs, le plus important est le VO2max, qui mesure le taux maximum d’oxygène qu’un athlète peut envoyer à ses muscles durant l’effort. Plus il est élevé, plus il peut courir vite et longtemps. Les marathoniens, s’ils ont un VO2max évidemment important (80-85 ml/min/kg), ne sont pas les meilleurs en la matière. «Des skieurs de fond ou des cyclistes ont des taux supérieurs, reprend le docteur Gratas-Delamarche. Cela signifie que certains athlètes pourraient à l’avenir gagner quelques millilitres supplémentaires, tout en allongeant la durée pendant laquelle ils maintiennent ce niveau.» Et ainsi gagner de précieuses secondes.
D’autres éléments sont perfectibles. Savoir apporter une quantité de substrats énergétiques (glucides, lipides, protéines, utilisés pour produire de l’énergie) ni trop basse ni trop élevée, apprendre à réguler sa température lors de l’effort, sans oublier «l’économie de course», un facteur primordial. «C’est la capacité qu’ont les coureurs à ne mobiliser que l’énergie strictement nécessaire pour avancer. C’est ce qui fait le plus de différences», explique Arlette Gratas-Delamarche. Grâce à ce travail spécifique, les marathoniens ont déjà fait baisser le record du monde quatre fois plus vite entre 1998 et 2014 que lors des trois décennies précédentes. Ce n’est donc pas pour celui de New-York, ce week-end, mais si l’on suit l’histoire et la science, un marathon pourrait être couru en moins de deux heures à l’horizon 2030.

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