Annecy : Maxi race, Denis Billet 5è

« Consciente de mes limites du moment et trainant encore les restes d’une angine, je prends le départ de cette Maxirace 2017 avec un mélange d’envie, d’inquiétude et de revanche suite à mon abandon en 2016. Je décide de partir avec le cardio encore cette fois, histoire de se laisser couler pendant la première moitié de course. La route sera longue et la chaleur risque de faire qqs ravages.

Départ donné à 5h du mat, trop tard à mon goût (3h30 en 2016) mais bon on ne décide pas. Départ tranquille donc, il fait presque 20 degrés. Pas vraiment de sensations à cette heure et cette vitesse et vu toutes les mauvaise nuits passées cette semaine, j’ai l’impression de ne pas être réveillée.

La montée vers le Semnoz se fait tranquillement, sans m’occuper des autres, je regarde sans cesse le cardio pour me mettre dans le bon tempo. J’observe le lever du jour avec plaisir, je me réveille enfin. Au Semnoz, 3 minutes d’arrêt pour me ravitailler correctement et faire le plein avant d’aborder la descente vers St eustache. A ma montre j’ai 10 min de retard par rapport à l’an passé…

Surtout ne pas descendre trop vite pour épargner quadriceps et genou, au diable leur nouveau challenge « négative race ». Je ne sais même pas à quelle place je suis. Ce n’est vraiment pas la chose qui me préoccupe à ce moment de course….profitez du chemin !!!!

Au point d’eau de St Eustache, des encouragements et qqs indications sur les positions. La 2ème est à 20 min devant….ben dis donc je traîne mais qu’importe. Chacun fait sa course avec ces capacités du moment.

Pied de la Cochette, 3h40 de course, premier arrêt pipi (et le seul…ça craint !!!)  J’ai pourtant beaucoup bu mais il fait déjà chaud. Je monte tranquille, j’avais eu mal l’an passé ici. J’ai l’impression d’être doublée en permanence….serai-je sur  un faux rythme ? Tant pis je me concentre sur mes sensations et je me ravitaille correctement  car il reste un bout de chemin jusqu’à Doussard.

J’arrive finalement assez bien en haut, je bascule dans la descente où j’ai de très bonnes sensations. Je double quelques garçons, évite une gamelle de justesse et  au point d’eau des Maisons envahi de coureurs, je remplis juste une flasque d’eau fraiche et m’arrose la tête. Ça commence à taper et je n’ai pas la casquette.  

Je me sens bien jusqu’à Doussard même si la chaleur sur le bitume m’assomme un peu, je dois me freiner car le cardio s’emballe avec les jambes…stop papillon !!! La course commence à Doussard.

Doussard (43,8 km/ 2500m d+)5h40 de course. Y’a plein de parapentes, c’est cool ! Patrice m’attend avec mes parents avant le gymnase : long arrêt pour manger et faire le plein. Je prends casquette et lunettes mais refuse les bâtons. Allez hop, faut repartir. Au contrôle le speaker m’encourage. Je suis 5ème femme (ah oui ?) à 4 min de la 4ème. Ça ne va pas changer mon allure du moment. Je repars de Doussard mieux que l’an passé (mais avec 20min de retard….) et même si j’arrive avec appréhension au pied du Col de la Forclaz (abandon en 2016 au col), je monte avec prudence et confiance. Sympa car les relayeurs frais me doublent et m’encouragent (merci Laure !), mais faut toujours se pousser …..montée tranquille gérée au cardio, j’arrive à relancer sur la belle portion de replat. Au col, je relance aussi pas mal, les jambes sont toujours là et même si ça tire un peu, je me sens bien. Patrice m’encourage…. Les choses sérieuses commencent. Le paysage est déjà plus pentu et rocailleux….et il y a très peu d’ombre…ça promet qqs coups de chaud.

Km 51, point d’eau, je remplis une flasque d’eau fraiche, trempe la casquette et m’arrose copieusement. Maintenant écoute tes sensations et fais ce que tu peux !

Elle est longue cette montée jusqu’au pas de l’Aulps…mais elle est belle ! Même si un troupeau de randonneurs gêne qqe peu l’ascension vers le Chalet….le chemin est à tout le monde hein ? Une fille me double en m’encourageant (je ne saurai qu’avant Menthon qu’elle était d’un relais L), je me décourage un peu car je la vois grimper bien plus facilement que moi …. Au chalet je prends 2 min pour me rafraichir au toilette avant de basculer sur une partie descendante avant la montée vers le Roc. Il fait vraiment très chaud et même si je n’ai pas de maux de ventre je commence à avoir du mal à manger solide et les gels ne vont sans doute pas suffire…

Je grimpe d’un pas régulier et je commence (enfin) à doubler des garçons….ma prudence commencerait-elle à payer ?Le paysage est splendide mais ça cogne dur et la pente est raide et caillouteuse. Quand j’arrive en haut (pas de l’Aulps- 56km/4000 m d+/ 8h16), c’est avec soulagement que je me lance dans la descente, douce et herbeuse au départ puis très caillouteuse et pentue L…Les genoux commencent à morfler et je sens un peu de crispation dans ma foulée.

Mais j’essaie de maintenir ce petit rythme en essayant de boire et prendre un gel.

En bas de cette descente la petite nana « relayeuse » part du point d’eau et je rejoins la 4ème fille et une autre relayeuse. Arrêt rapide pour garder la 4ème en point de mire.

Cette portion jusqu’à Menthon est « roulante » mais la moindre petite côte fait mal aux jambes et il n’y a plus cette légère bise de l’altitude…la chaleur n’a jamais été ma tasse de thé et des irritations commencent à se faire sentir au niveau des bretelles du sac. S’arroser n’a peut-être pas été la meilleure idée L…

A l’approche de Menthon, je rejoins les 2 relayeuses ainsi que la 4ème. Je ne vais pas très vite mais elles non plus ! et à 200m du ravito, la 3ème fille est en vue…. Ça me booste un peu J.

Menthon (69km/4200m d+/ 9h33).

Le ravito perso est malheureusementen plein soleil et je n’arrive à rien avaler sauf une compote et un verre de St Yorre. Je fais le plein et ai du mal à repartir. La 3ème fille est déjà ressortie du gymnase alors que je n’y suis pas encore passée. Quand j’y rentre je cherche un ravito solide qui pourrait passer mais rien ne me tente… Je tente un morceau de fromage que je recrache assez vite. Non décidemment je vais devoir finir la course avec une fringale que j’essaie de calmer avec un gel…quand je repars Patrice me tend les bâtons pour m’aider à finir…je crois que ce n’était pas le meilleur choix à faire. Il m’encourage car il  croit dur comme fer à mon retour à la 3ème place…beaucoup plus que moi sans doute.

Je repars malgré tout avec Sylvie (la 4ème) en point de mire et j’essaie de me focaliser sur cette dernière portion que je connais et que j’appréhende avec la chaleur.

A 11km de l’arrivée, au pied de la dernière montée, je rejoins Sylvie et on se rafraichit à la dernière fontaine. Je repars juste derrière mais je vois bien que les pentes raides me font bien mal avec mon ventre qui crie famine. C’est là que je la vois s’envoler. Moi je retrouve mon rythme ascentionnelrégulier avec les bâtons et ce,  jusqu’au sommet du Mont- Baron. Je prends qqs secondes pour faire une halte contemplative pour admirer le lagon d’Annecy et ses montagnes environnantes. C’est tellement magnifique !

Et puis le sommet et l’infernale descente où mon corps et mon esprit lâchent. 5km dans la douleur, avec des genoux en compote et des mains crispées sur les bâtons. C’est dur et je compte les mètres ….et un put…de caillou me tombe sur le gros orteil du pied gauche et finit de m’achever. Une douleur lancinante. Impossible de courir…j’ai trop mal…Je finis donc cette course avec les larmes aux yeux, de douleur et non d’émotion comme j’aurai souhaité…le dernier km est terrible et l’arrivée dans l’anonymat l’est plus encore. Juste envie de me coucher…

12h13min, 5ème femme. Loin de la tête de course et avec un goût d’inachevé…

Mais que c’était beau !

Et plus tard d’avoir les félicitations de mes proches, les larmes de ma sœur, n’est-ce pas ça le plus important ? » Christine

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