Retrouvez, jusqu’au 31 décembre, le top 10 des grands temps forts de l’année 2013 pour les athlètes français. Des championnats d’Europe de Göteborg au grand rendez-vous continental dans les labours à Belgrade, en passant bien sûr par les Mondiaux de Moscou, les Tricolores ont brillé sur tous les terrains. Autant dire que la sélection a été difficile. Dixième et dernier volet de notre rétrospective avec le champion du monde du triple saut, Teddy Tamgho.
1er
Championnats du Monde de Moscou (Russie)
La renaissance de Tamgho
Huit ans après Ladji Doucouré et le relais 4×100 m, un Français est sacré champion du monde. Sur la piste du stade Loujniki, Teddy Tamgho s’envole au sixième et dernier essai à 18,04 m. C’est la troisième meilleure performance mondiale de tous les temps, derrière les 18,29 m du Britannique Jonathan Edwards, le recordman du monde, et les 18,09 m de l’Américain Kenny Harrison. Le jeune Cubain Pedro Pablo Pichardo, jusque-là en tête du concours, est assommé. Il sait que l’or vient de lui échapper. Le clan français, installé juste à côté dans les tribunes, exulte déjà. « J’attendais ce moment depuis deux ans, savourera, un peu plus tard, le protégé d’Ivan Pedroso. J’ai connu des blessures et des convalescences. J’ai aussi dû murir pour être beaucoup plus calme et contrôler mon énergie. » Avant d’ajouter : « Ce n’est pas encore le plus beau jour de ma vie. Dans celle-ci, il y a des choses beaucoup plus importantes. » C’est le début de la sagesse.
2e
Championnats du Monde de Moscou (Russie)
L’argent du bonheur pour Robert-Michon
« J’attendais ce moment depuis quinze ans. L’émotion est d’autant plus forte. C’est le top du top. C’est juste fou, incroyable ! » Pour sa sixième finale en grand championnat, Mélina Robert-Michon monte enfin sur le podium. Avec, cerise sur le gâteau, un nouveau record de France au sixième et dernier essai, grâce à un jet à 66,28 m. Là-haut, dans les tribunes, Serge Debié, un de ses entraîneurs avec son préparateur physique, Jérôme Simian, serre le point. Les yeux de la Lyonnaise sont rouges de bonheur et l’émotion est forte pour beaucoup de passionnés d’athlétisme. Le titre revient à la grande favorite, la Croate Sandra Perkovic, vainqueur avec un lancer à 67,99 m. Pour la famille des lancers, il s’agit du premier podium en plein air depuis le bronze a posteriori de Manuela Montebrun au marteau, lors des Mondiaux d’Helsinki en 2005. « J’avais toujours dit que le meilleur coup de projecteur sur ma discipline passerait par les résultats, glisse Mélina. J’espère avoir ouvert la voie à d’autres. »
3e
Meeting Areva de Paris Saint-Denis
Mekhissi-Benabbad efface Tahri
Pari tenu pour le meilleur steepleur français de l’histoire. Mahiedine Mekhissi-Benabbad avait clamé haut et fort qu’il voulait battre au Stade de France, lors du meeting Areva, le record d’Europe de son compatriote Bouabdellah Tahri (8’01’’18). Il a tenu parole. Malgré des jambes lourdes, il passe au 2000 m en 5’21’’ puis s’explique dans le dernier kilomètre face au Kényan Ezekiel Kemboi, son « meilleur ennemi », finalement vainqueur en 7’59’’03. Derrière, le Rémois coupe la ligne d’arrivée en 8’00’’09, tout près de la barrière mythique des huit minutes, acclamé par la foule massée dans des tribunes quasi pleines. Quelques semaines plus tard, il prendra la troisième place du 3000 m steeple lors des championnats du monde de Moscou, derrière l’invincible Kemboi et son jeune compatriote Conseslus Kipruto.
4e
Championnats d’Europe en salle de Göteborg (Suède)
La passe de trois pour Lavillenie
Dans la grande halle de Göteborg, Renaud Lavillenie remporte son troisième titre européen consécutif en salle en effaçant une barre à 6,01 m, après avoir franchi toutes ses barres au premier essai. Ses adversaires sont écœurés et la concurrence écrasée, avec l’argent de Bjorn Otto avec 5,76 m. Mais ce n’est pas suffisant pour le Clermontois, qui demande 6,07 m. Une hauteur synonyme de deuxième meilleure performance de tous les temps. A sa troisième tentative, le champion olympique engage le bassin bien au-dessus de la barre puis la touche légèrement en retombant. Elle ne tombe pas. Explosion de joie. Puis incompréhension, après le drapeau rouge brandi par un juge. La barre est en fait retombée sur la potence, la partie située au-dessus des taquets et reliée directement aux poteaux. L’essai n’est donc pas validé, en vertu des règles en vigueur. Un règlement qui sera d’ailleurs modifié quelques mois plus tard. Reste que le Tricolore, vice-champion du monde en août à Moscou, aura marqué une nouvelle fois de son empreinte un grand championnat.
5e
Championnat d’Europe de Cross-country de Belgrade (Serbie)
Au bonheur de Sophie
Une démonstration : c’est ce qu’a effectué Sophie Duarte ces championnats d’Europe de cross, ne laissant pas le moindre espoir à ses adversaires de mettre la main sur une médaille d’or à laquelle elles étaient pourtant plusieurs à prétendre. Sur un parcours aussi plat que la surface d’un lac, recouvert d’une herbe tondue de près et en l’absence de la moindre goutte de boue sur le tracé la Française a effectivement écœuré ses adversaires par sa maîtrise. « La tactique définie avec mon entraîneur était d’attendre les 800 derniers mètres pour attaquer, mais j’ai décidé de m’adapter et d’attaquer à deux tours de la fin (ndlr : soit à 3 km de l’arrivée) car les filles s’étaient essoufflées d’elles-mêmes en début de course, déclarait Sophie une fois la ligne d’arrivée franchie. J’avais confiance en mon tempo. Et je voulais absolument inscrire mon nom pour la première fois sur des tablettes. » Une performance dans la droite ligne de ses progrès l’été sur 5000 m (15’14 pour sa première saison sur la distance). A 32 ans, la sociétaire du Ca Balma commence à écrire une nouvelle page de sa carrière.
6e
Championnats d’Europe en salle de Göteborg (Suède)
Un titre pour l’histoire pour Vicaut
L’attente est interminable pour le sprinteur parisien, à l’issue de cette finale européenne du 60 m. « On passe la ligne avec l’Anglais et je me rends compte qu’il n’y a pas les résultats. Mais qu’est-ce qui se passe », racontera Jimmy Vicaut plus tard. Soudain, la délivrance. Le panneau électronique délivre son verdict. En 6’’48, il est sacré champion d’Europe. Le premier sur cette distance pour l’athlétisme français. Il devance au millième près le Britannique James Dasaolu. C’est un nouveau record personnel, un record de France espoirs et un chrono à seulement trois centièmes de l’ancienne marque de référence au niveau continental, les 6’’45 de Ronald Pognon. « C’est la plus belle victoire de ma carrière, déclarera le Français. Je la dédicace à Yves Niaré. » L’été venu, il confirmera sur le plan chronométrique, en signant deux temps en 9’’95 sur la ligne droite lors des championnats de France de Paris-Charléty.
7e
Championnats du Monde de Trail à Llanrwst (Pays de Galles)
Nathalie Mauclair sur la plus haute marche
Avec seulement deux ans d’expérience dans la discipline, un titre de championne de France en 2012, et pour sa première sélection en équipe de France, la nouvelle championne du Monde, Nathalie Mauclair du Free Run 72, s’est comportée en vrai « patronne » du trail au Pays de Galles. Sur un parcours difficile, constitué de cinq boucles de quinze kilomètres, avec un dénivelé positif de près de 2500 mètres, la Française n’a pas hésité à prendre ses responsabilités. En partant d’entrée sur un rythme exigeant, elle n’a cessé d’augmenter l’écart sur ses poursuivantes au fil des kilomètres, avant de couper la ligne d’arrivée en 6h38’46’’ devançant de dix-sept minutes la deuxième concurrente, sa compatriote Aurélia Truel (6h55’55 »). Derrière, avec notamment les sixième et onzième places de Stéphanie Duc (7h11’36’’) et Isabelle Jaussaud (7h20’20’’), les Bleues remportent le titre mondial par équipes d’une magnifique manière.
Avec, chez les hommes, la médaille d’argent par équipes et la troisième place de Julien Rancon, la France confirme, si besoin était, son statut de grande nation du trail.
8e
Championnats d’Europe juniors de Riéti (Italie)
Le show Belocian
Il a l’étoffe des plus grands. Dans le célèbre Stadio Raul Guidobaldi de Riéti, en Italie, Wilhem Belocian a, de nouveau, fait étalage de tout son talent, lors des championnats d’Europe juniors. Légèrement en retrait en début de saison, à cause du passage du bac, le Guadeloupéen a montré qu’il était un véritable homme de championnats, en survolant la finale du 110 m haies pour décrocher le titre continental mais également faire tomber le record d’Europe de la discipline, avec un chrono de 13’’18. Déjà médaillé de bronze mondial chez les cadets en 2011 puis chez les juniors en 2012, alors qu’il est encore cadet, Wilhem commence à se construire un joli palmarès et avoue « avoir pour objectif à long terme, les Jeux de Rio en 2016. Mais pour l’instant j’avance étape par étape et en 2014 je viserai le titre aux championnats du Monde juniors à Eugene. »
9e
Championnats du Monde de Moscou (Russie)
Mayer au pied du podium
Il y a des quatrièmes places au goût moins amer que d’autres. En Russie, le protégé de Bertrand Valcin et Jean-Yves Cochand termine au pied du podium du décathlon, remporté par l’Américain Ashton Eaton. Mais il marque les esprits en réalisant une deuxième journée exceptionnelle avec quatre records personnels améliorés. Avec un total de 8 446 points, il fait progresser la meilleure marque française de tous les temps chez les espoirs, dont il était déjà le détenteur. Sans un début de décathlon raté, avec des performances décevantes sur 100 m et surtout au lancer du poids, le vainqueur 2013 de la coupe d’Europe d’épreuves combinées serait sans doute monté sur la boîte. On l’attend au tournant en 2014, à Zurich.
10e
Championnats d’Europe espoirs de Tampere (Finlande)
Trois médailles pour Lenora Guion Firmin
Certaines carrières tiennent parfois à un déclic. Celui de Lenora Guion Firmin s’est peut-être produit en juillet dernier, lors des championnats d’Europe espoirs de Tampere, en Finlande. A quelques semaines des Mondiaux de Moscou, la Martiniquaise décroche l’or sur 400 m en 51’’68, son record personnel, l’argent sur 200 m en 22’’96 et prend la troisième place avec le 4×400 m. « Là-bas, j’ai pris confiance en moi, racontera après coup celle qui poursuit actuellement ses études aux Etats-Unis dans le Maryland, au nord de la Pennsylvanie. Ce sont mes premières médailles en individuel et on ne pourra pas me les enlever. » Ce ne sont sans doute pas les dernières. A vingt-deux ans, Lenora Guion Firmin possède encore une importante marge de progression, illustrée par son chrono de 50’’22 lancés lors de la finale des Mondiaux de Moscou avec le 4×400 m tricolore, finalement au pied du podium.
Florian Gaudin-Winer, Rémi Bellevègue et Philippe Guilbaud pour athle.fr