Le kenya vainqueur des mondiaux d’athlétisme… mais…

A Nairobi, les scènes d’enthousiasme populaires ont été vues et revues pratiquement à chaque retour de Championnat ou des Jeux Olympiques. Mais le come back de Beijing s’est révélé exceptionnellement intense, à la mesure des performances atteintes par le Kenya dans le Nid d’Oiseau. La hiérarchie mondiale a été bousculée, le Kenya leader de toutes les nations avec ses 16 médailles – 7 en or, devant la Jamaïque et les Etats-Unis. En six ans et quatre Mondiaux, la situation a connu un revirement complet, les Etats-Unis balayés de la première place qu’ils occupaient à Berlin (22 médailles – 10 en or), à Daegu (26 médailles – 12 en or), et la Russie éclipsée de cette position conquise sur son sol à Moscou, avec 17 médailles – 7 en or.
La Russie balayée
Beijing marque une rupture. Deux ans après Moscou, la Russie n’existe quasiment plus. Elle n’a conquis que 4 breloques, et seulement 2 en or. Les révélations sur les scandales du dopage ont visiblement modifié quelques rouages essentiels à la réussite passée… Les Etats-Unis marquent le pas, mais le phénomène apparaît moins marqué : les athlètes à la bannière étoilée raflent en réalité 18 médailles, soit 2 de plus que le Kenya, mais leur nombre de médailles d’or respectif avantage le Kenya (7 or) au désavantage des Etats-Unis (6 or). Le Kenya tire son épingle du jeu, dans un contexte pourtant plus que délicat après la diffusion début d’août du documentaire de l’ARD affirmant que le recours à l’EPO était très répandu parmi les athlètes kenyans. Et certains athlètes n’avaient pas hésité à évoquer une tentative de déstabilisation de leur équipe avec ces révélations effectuées in-extremis avant le début du Mondial. Pourtant l’Equipe kenyane ne s’est nullement laissée perturbée, et les médailles se sont enchaînées, sur moult disciplines, du 800 m au 10000 m, et y compris les plus étonnantes, comme sur le 400 mètres haies ou le javelot.
Le dopage sera une infraction
Le retour de Chine de tous ces médaillés a été l’occasion d’un accueil officiel exceptionnel, sous la houlette du vice-président du Kenya, William Rutto, qui a salué avec enthousiasme cette réussite. William Rutto a toutefois choisi d’utiliser cette cérémonie pour afficher la nouvelle volonté de l’Etat Kenyan : la criminalisation du dopage, avec l’ambition de modifier la loi pour que le dopage soit désormais considéré comme une infraction. Un engagement fort contre cette face cachée de l’athlétisme kenyan, appelé d’ailleurs de tous leurs vœux par un certain nombre d’athlètes de haut niveau, soucieux que leur réputation ne soit pas entachée par certaines dérives. Avec un seul petit bémol, le fait que cette promesse émane du vice-président du Kenya et non pas du président Kenyatta.
Turquie :
On pensait que ce n’était probablement plus qu’une question de quelques jours pour que soit enfin connue la liste des « IAAF 28 », comprenez des 28 athlètes sanctionnés par l’IAAF sur la base d’échantillons positifs en 2005 et 2008. Et l’impatience est grande chez les athlètes, avec la perspective de 10 médailles à redistribuer. La Turquie est, à ce jour, la seule fédération à avoir décidé d’anticiper cette annonce de l’IAAF. Elle a préféré confirmer officiellement la rumeur sur Elvan Abeylegesse. Probablement pressée par la présence de la coureuse de 10.000 mètres dans la délégation turque pour le Mondial de Pékin débutant dès le 22 août.
Avec Elvan Abeylegesse, il s’ajoute maintenant un nouveau cas « lourd » de dopage au bilan déjà déplorable de la Turquie, affichant un total de 50 athlètes suspendus entre 2013 et 2014. Et non des moindres. Avec les noms d’Asli Cakir, Alemitu Bekele et Nevin Yanit, les deux dernières sacrées championnes d’Europe à Barcelone en 2010.
L’AMA très prudente sur les sanctions
Pourtant l’Agence Mondiale Anti Dopage pourrait jouer les trouble fête dans cette opération « Athlé propre » de l’IAAF. Elle a annoncé ce 15 août que ses experts allaient s’attaquer à l’analyse de la base de données IAAF. Mais avec un très gros bémol : l’AMA s’inquiète qu’aucun test découlant de la base de données avant 2009 ne puisse être considéré comme preuve de dopage. Et l’institution mondiale a même lancé un véritable avertissement en déclarant qu’une telle allégation serait irréfléchie et même diffamatoire. Alors, quel sera finalement l’avenir de cette affaire ?? La Britannique Jo Pavey et l’Américaine Kara Goucher recevront-elles leur médaille d’Osaka ? Et les autres athlètes défaillants seront-ils sanctionnés ou pas ?
L’annonce ou pas par l’IAAF de la liste des 28 aura-t-elle lieu ? Avec quelles conséquences ???
• Texte : Odile Baudrier

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